Le magnésium
Propriétés physico-chimiques et métabolisme
Le magnésium Mg2+ est un ion indispensable à notre organisme, qui en renferme de l’ordre de 30 grammes. Sa répartition est la suivante : 34 % du magnésium est contenu dans les cellules; 1 % reste extracellulaire (magnésium sérique) et la majorité, 65 % se trouve dans les tissus osseux combiné au calcium et au phosphore.
Mais le magnésium n’agit pas seul. Son action est liée à celle d’autres minéraux. Il existe une corrélation forte entre la teneur en calcium et en magnésium et entre la teneur en phosphore et en magnésium dans les artères de sujets âgés.
Le magnésium facilite de très nombreuses réactions enzymatiques de l’organisme. Il intervient dans l’excitabilité neuromusculaire (comme anti-tétanisant) et favorise la récupération musculaire après contraction. Sur un plan métabolique, le magnésium est un coenzyme du cycle de Krebs. En tant que tel, il est indispensable à la synthèse cellulaire d’ATP. Une déficience en magnésium résulte encore en un accroissement de la production de radicaux libres.
Magnésium, stress et fatigue
La prise de magnésium est indiquée dans certains troubles nerveux. Il a une action neurovégétative apaisante sur le plexus cardiaque qui diminue les spasmes nerveux lors des stress. Il existe de fortes raisons pour penser que le magnésium exerce une action relaxante qui équilibre celle du sodium et du calcium. Il modère les effets d’un acide aminé excitateur : N-methyl-D-aspartate (NMDA). Une carence en magnésium se caractérise par une hyperémotivité, une anxiété et une colère facile.
La spasmophilie résulte d’apports de magnésium trop bas, ou encore d’une incapacité de l’organisme à retenir suffisamment ce minéral. Il existe désormais de solides raisons cliniques pour évaluer le statut en magnésium des patients en cas de syndrome de fatigue chronique avéré. Surtout, le statut en magnésium devrait être systématiquement évalué en cas de syndromes tétaniques ou d’états de fatigue chronique, même si le taux de magnésium sérique ne semble pas constituer un bon indicateur. En effet, la quantité de ce minéral présente dans le compartiment intracellulaire est déterminante, pour qu’il contribue en tant que cofacteur à de très nombreuses transformations enzymatiques.
En tout état de cause, dans les états de fatigue ou de gêne spasmophiliques marqués par des crampes passagères, une forte irritabilité, le magnésium est particulièrement indiqué. En pareil contexte, il est souvent co-prescrit avec des vitamines du complexe B. De même, dans les syndromes de fatigue musculaire à types de tétanie, le magnésium est digne d’intérêt.
Développements scientifiques récents relatifs au magnésium
Le magnesium est un minéral présent de manière ubiquitaire dans le corps. Il n’est pas évident de caractériser aisément une pluralité d’effets dans le cadre d’expériences scientifiques. Manuel y Keenoy et al. ont procédé à une étude des effets d’une supplémentation en magnésium chez 93 personnes atteintes de fatigue chronique inexpliquée. Une telle supplémentation s’est traduite par une élévation significative des taux sériques de vitamine E. Les auteurs considèrent qu’il convient de distinguer :
– le pool corporel de magnésium total ;
– l’apport en magnésium de l’alimentation ;
– la concentration sérique de cet ion.
En effet, le niveau stock total de magnésium serait corrélé positivement à la capacité antioxydante totale mesurée dans le sang, elle-même dépendant de la concentration en albumine et en glutathion, mais n’aurait pas de lien avec la vulnérabilité des lipides à la peroxydation. Il existe donc un lien entre le magnésium et les mécanismes de défense antioxydantes de l’organisme mais ce dernier n’est pas simple et direct.
McCully et al. ont illustré cette approche consistant à quantifier le magnésium dans différents compartiments de l’organisme (cellulaire et extracellulaire), dans un contexte de fatigue chronique. Ces auteurs ont procédé à une étude du muscle squelettique chez vingt sujets souffrant de fatigue chronique, les comparant à 11 sujets normaux témoins. Les niveaux de magnésium extracellulaire (libre) semblent plus élevés dans la population souffrant de syndrome de fatigue chronique. Un certain nombre d’états de fatigue pathologiques pourraient donc se caractériser par un bouleversement de la régulation cellulaire de ce minéral.
Bibliographie
McCully KK, Malucelli E, Iotti S. Increase of free Mg2+ in the skeletal muscle of chronic fatigue syndrome patients. Dyn Med. 2006 Jan 11;5:1.
Manuel y Keenoy B, Moorkens G, Vertommen J, Noe M, Neve J, De Leeuw I. Magnesium status and parameters of the oxidant-antioxidant balance in patients with chronic fatigue: effects of supplementation with magnesium. J Am Coll Nutr. 2000 Jun;19(3):374-82.
Seelig MS. Review and hypothesis: might patients with the chronic fatigue syndrome have latent tetany of magnesium deficiency. J Chron Fatigue Syndr 4:77-108.