Dans le syndrome de Behçet (BS), une empreinte digitale particulière du microbiote intestinal (GM), principalement représentée par une déplétion de Roseburia et de Subdoligranulum (groupe de Clostridium), est impliquée dans la production d’acides gras à chaîne courte (AGCC) et une réduction conséquente des AGCC fécaux, surtout le butyrate. Les preuves précliniques suggèrent que les produits dérivés d’OGM, en particulier les AGCC, pourraient être impliqués dans la prévention cardiovasculaire.
Cet essai randomisé de preuve de concept a évalué les effets de 2 régimes enrichis en butyrate sur le statut redox sanguin et la dégradation de la fibrine dans le BS, en tenant également compte des altérations GM et des modifications cliniques. Un groupe a reçu une alimentation supplémentée en butyrate oral (2,4 g/jour), tandis que l’autre a reçu une alimentation lacto-ovo-végétarienne contenant de l’insuline et des aliments riches en amidon résistant dont la fermentation augmente la production de butyrate. Avant et après les interventions diététiques :
- Le statut redox global du sang a été évalué en dosant la production intracellulaire de leucocytes ROS, la peroxydation des lipides plasmatiques et la capacité antioxydante totale du plasma.
- La sensibilité de la fibrine à la lyse induite par la plasmine a été évaluée après 6 heures de digestion de la plasmine, sur des fractions de fibrinogène purifiées.
- La composition des GM et la production d’AGCC ont été évaluées sur des échantillons fécaux, en utilisant respectivement le séquençage de nouvelle génération de l’ARNr 16S et la chromatographie en phase gazeuse agilent-spectrométrie de masse.
- La réponse clinique a été évaluée en fonction de l’activité de la maladie, de l’utilisation de corticostéroïdes et des paramètres inflammatoires sanguins.
Les caractéristiques démographiques, cliniques et de laboratoire de base étaient comparables entre les 2 groupes :
- Les deux interventions enrichies en butyrate ont montré une réduction significative de la production de ROS leucocytaires, de la peroxydation des lipides plasmatiques et une augmentation de la capacité antioxydante totale du plasma.
- Une amélioration significative de la sensibilité de la fibrine à la lyse induite par la plasmine a été observée dans les deux groupes.
- Aucun changement significatif dans la composition des GM n’a été observé, bien que davantage de membres des genres Clostridium XIVa, Roboutsia et Eggerthella aient été détectés après une supplémentation en butyrate. En outre, aucune différence significative dans la production d’AGCC n’a été trouvée.
- Les deux interventions ont entraîné une réduction significative de l’activité de la maladie de SB et de l’utilisation des corticostéroïdes, mais sans modifications significatives des paramètres inflammatoires sanguins.
En conclusion, cet essai de preuve de concept montre pour la première fois que 2 régimes enrichis en butyrate modulent le statut redox sanguin et favorisent la dégradation de la fibrine, qui est altérée par un mécanisme dépendant des neutrophiles (via les ROS) dans le BS. Bien que l’activité de la maladie se soit considérablement améliorée, un régime enrichi en butyrate pendant 3 mois n’a pas affecté la composition des OGM et la production d’AGCC, ce qui suggère que des interventions nutritionnelles plus longues sont nécessaires pour égratigner la résilience microbienne.
Le congrès Paris Redox 2022 accueillera des sujets similaires en octobre, en France.