La Caféine
La caféine est un alcaloïde présent en particulier dans les grains de café. Originaire d’Éthiopie, le caféier est un arbuste ou arbrisseau aujourd’hui cultivé sous tous les climats tropicaux. La caféine est également présente dans d’autres plantes comme le cacao, le maté, la noix de kola et le thé. Elle est connue pour ses propriétés stimulantes du système nerveux central et du système cardio-vasculaire. On en ajoute parfois à des boissons stimulantes comme le cola.
La caféine est un alcaloide de la famille des méthylxanthines, qui comprend également la théophilline et la théobromine. Dans sa forme pure, elle consiste en une poudre blanche d’un goût extrêmement amer.
Une tasse normale de café contient de 100 à 200 mg de caféine. Une dose de 30 à 40 g d’espresso, quant à elle, en contient environ 100 mg. Des pilules stimulantes peuvent en contenir jusqu’à 200 mg chacune.
Action stimulante
La caféine possède une action stimulante du système nerveux central, du coeur et de la circulation sanguine. Ces propriétés de la caféine ont été démontrées dès 1977 [1].
La stimulation du système nerveux central par la caféine a pour effet d’augmenter l’attention tout en contribuant à lutter contre la somnolence et l’endormissement. En accélérant sur le rythme cardiaque, elle contribue à améliorer les performances cognitives [2-5].
Effet sur la maladie de Parkinson
Une méta-analyse de quatre études épidémiologiques et de huit études cas-contrôle démontre que le risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer est significativement plus faible chez les hommes qui boivent du café que chez ceux qui n’en boivent pas [6]. Par contre, chez les femmes, l’effet protecteur n’a pas été démontré aussi clairement. Tout de même, une étude de cohorte d’une durée de 18 ans révèle que le risque de maladie de Parkinson diminue chez les consommatrices de café qui ne prennent pas d’hormones de remplacement à la ménopause. À l’inverse, la prise combinée d’hormones de remplacement et de caféine augmenterait les risques [7].
Effet sur la thermogenèse
La caféine permet d’augmenter la dépense énergétique de l’organisme grâce à l’oxydation des lipides et des sucres, contribuant ainsi à faciliter la perte de poids [8]. D’une part, elle inhibe la dégradation de l’AMPc intracellulaire induite par la phosphodiestérase. Il en résulte une élévation de la concentration d’AMPc, médiateur de l’action des catécholamines sur la thermogenèse. D’autre part, elle bloque les récepteurs à l’adénosine et ainsi empêche l’adénosine d’exercer son effet négatif sur la libération de noradrénaline. Cependant, une étude sur le rat a montré que l’administration de caféine produit une augmentation de l’hydrolyse de l’ATP (50%) et de l’ADP (32%). Ces résultats suggèrent qu’il y aurait un effet compensateur pour augmenter la concentration d’adénosine [9,10].
Effet sur la perte de poids
La caféine est utilisée, le plus souvent en association avec d’autres molécules telles que l’ephedra, pour favoriser la perte de poids [11,12]. C’est en particulier l’activité thermogénique de ces agents qui serait responsable de cet effet [13]. Il semble que la synergie des deux ingrédients soit nécessaire puisqu’on a noté que l’éphédrine ou la caféine données séparément ne produisaient pas ces effets [29]. La caféine entre également couramment dans la composition des crèmes anti-cellulite [30]. Cependant, peu d’études démontrant l’efficacité de ces crèmes sont disponibles à l’heure actuelle. En 2001, une équipe a montré que la caféine, en application cutané et en association avec le rétinol et la ruscogénine, avait un effet anti-cellulite et augmentait la micro-circulation cutanée [31].
Diabète
Selon les résultats d’une étude épidémiologique menée par des chercheurs hollandais et publiée dans The Lancet en 2003, la consommation de café est associée à un risque moindre de souffrir du diabète de type II [14]. Cependant, la diminution du risque devenait significative à partir de quatre à cinq tasses de café par jour [15] ou de sept par jour [14], ce qui représente une consommation de caféine excessive.
En 2004, Lane et al. ont montré que l’ingestion de caféine perturbait le métabolisme post-prandial du glucose chez des patients diabétiques [16]. De plus, la consommation de caféine est associée à une diminution de la sensibilité à l’insuline après la prise de glucose et ce, que les patients soient obèses ou non et diabétiques (type 2) ou non [17, 18].
Calculs biliaires
Selon les résultats d’études épidémiologiques menées aux États-Unis, la consommation de café pourrait contribuer à inhiber la formation de calculs biliaires [19, 20].
Toxicité
Une prise trop importante de caféine peut conduire à une intoxication. Ses symptômes sont l’insomnie, la nervosité, l’excitation, un visage tout rouge, l’augmentation de la diurèse, et des troubles gastrointestinaux. Chez certaines personnes, ils peuvent apparaître après une prise aussi faible que 250 mg par jour. Plus d’un gramme par jour peut générer des contractions musculaires involontaires, des pensées et propos décousus, de l’arythmie cardiaque ainsi qu’une agitation psychomotrice. Les symptômes de l’intoxication à la caféine sont similaires à ceux de la panique et d’une anxiété généralisée. La LD50 estimée de la caféine est de 10 g, l’équivalent d’environ 50 tasses de café [21, 22, 23].
La consommation de caféine et d’éphédrine est associée à un risque accru des symptômes gastro-intestinaux, automatiques, psychiatriques (Ephedra sinica) et des palpitations cardiaques[24, 25]. Le risque d’attaques, d’arythmie cardiaque et d’attaque d’apoplexie est accru [26, 27]. Une récente étude a notamment montré que la co-administration d’éphédrine et de caféine entrainait le développement de nécroses hémorragiques du myocarde et/ou la mort soudaine des animaux [28].
Conclusion
La caféine est un stimulant physique et psychique avéré. Elle présente en outre une activité sur la perte de poids si elle est ingérée en association avec l’éphédrine. Son activité sur le diabète reste, en revanche, imprécise du fait du nombre restreint d’études disponibles à l’heure actuelle. Enfin, l’utilisation de la caféine doit être contrôlée car elle présente des effets indésirables certains.
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