Echinacea
1. Origine
L’echinacea (Echinacea purpurea) est une plante d’Amérique du Nord de la famille des Astéracées, poussant préférentiellement dans des étendues sèches. Les capitules terminaux de l’echinacea correspondent à des fleurs jaunes ou pourprées, groupées en boules, ainsi qu’à de fleurs tombantes souvent roses. On prête à cette plante des vertus de stimulation de l’immunité, de même que des propriétés antibactériennes et antivirales, découlant certainement de son action sur le système immunitaire. Différentes tribus (commanches, sioux…) avaient pour habitude de recourir à l’action thérapeutique de l’echinacea, la recommandant dans des usages très divers.
2. Mode d’action et indications
Traditionnellement, le recours à des substances issues de l’echinacea est conseillé dans un contexte de pathologies chroniques consécutives à des infections. Les situations typiques sont celles des infections virales, de la grippe, du rhume, des affections respiratoires ou des angines. On prête en effet à l’echinacea des vertus stimulantes de l’immunité, anti-inflammatoires, cicatrisantes et anti-allergéniques. Aucune toxicité spécifique n’a été objectivée même si, à très fortes doses, l’échinacée peut causer des nausées.
3. Composition
L’echinacea constitue un des ingrédients les plus populaires de la phytothérapie. De ce fait, il existe de très nombreux produits commercialisés à base de cette plante : solutions pour gargarismes, infusions, teintures, capsules etc. L’herbe comme la racine d’echinacea peuvent servir d’ingrédients. Les teneurs en extraits de plante ne sont pas toujours rigoureusement contrôlées.
4. L’echinacea et le traitement du rhume
Un débat vif porte sur les vertus supposées de l’echinacea dans la prévention et le traitement du rhume. De très nombreuses revues et méta analyses ont été réalisées [6, 8, 9]. Des études ont produit des résultats décevants. Une étude clinique en double aveugle a récemment conclu à l’inefficacité de l’echinacea dans le traitement de l’infection par un rhinovirus de type 39, aussi bien en monothérapie qu’en combinaison [2]. Un précédent essai clinique, réalisé chez des enfants âgés de 2 à 11 ans, avait conclu également à l’inefficacité de l’echinacea dans le traitement des infections du tractus respiratoire supérieur [3]. Cependant, certaines critiques n’ont pas manquées d’être formulés, portant en particulier sur les dosages d’echinacea retenus.
5. Données scientifiques
D’un point de vue pharmacologique, indépendamment des controverses portant sur l’intérêt de l’echinacea dans le traitement du rhume, un certain nombre d’expérimentations se sont révélées probantes in vitro. Récemment, il a été montré que les alkylamides de l’echinacea sont en mesure de réguler l’expression d’ARN messagers de monocytes humains en culture [1]. Cette propriété est due à leur capacité à se fixer à des récepteurs particuliers aux cannabinoïdes, de manière plus affine que les cannabinoïdes endogènes.
Un extrait standardisé d’echinacea a démontré des propriétés intéressantes sur de nombreux paramètres de l’immunité murine [4]. In vitro, des lymphocytes T de souris mis en culture ont été stimulés par l’ajout de cet extrait dans le milieu. En l’occurrence, une plus grande prolifération cellulaire et une élévation de la synthèse d’interféron ont été détectées. In vivo, le même extrait a réduit la mortalité de souris infectées par Candida albicans, que ces dernières aient été traitées ou non par un immunosuppresseur (cyclosporine).
Encore chez la souris, l’administration par voie orale d’un extrait d’herbes supposées immunomodulatrices, dont l’echinacea, a eu un impact positif sur la production d’anticorps au niveau des plaques de Peyer (immunité intestinale) [5]. Une précédente expérience avait objectivé une élévation de la production de cytokines majeures dans la régulation de l’immunité (IL-2, IFN-γ et GM-CSF) au niveau de la rate des souris traitées par l’echinacea [7].
Bibliographie sur l’echinacea
[1] Raduner S, Majewska A, Chen JZ, Xie XQ, Hamon J, Faller B, Altmann KH, Gertsch J. Alkylamides from Echinacea are a new class of cannabinomimetics – CB2-receptor dependent and independent immunomodulatory effects. J Biol Chem. 2006 Mar 17
[2] Turner RB, Bauer R, Woelkart K, Hulsey TC, Gangemi JD. An evaluation of Echinacea angustifolia in experimental rhinovirus infections. N Engl J Med. 2005 Jul 28;353(4):341-8.
[3] Taylor JA, Weber W, Standish L, Quinn H, Goesling J, McGann M, Calabrese C. Efficacy and safety of echinacea in treating upper respiratory tract infections in children: a randomized controlled trial. JAMA. 2003 Dec 3;290(21):2824-30.
[4] Morazzoni P, Cristoni A, Di Pierro F, Avanzini C, Ravarino D, Stornello S, Zucca M, Musso T. In vitro and in vivo immune stimulating effects of a new standardized Echinacea angustifolia root extract (Polinacea). Fitoterapia. 2005 Jul;76(5):401-11.
[5] Bodinet C, Lindequist U, Teuscher E, Freudenstein J. Influence of peroral application of a herbal immunomodulator on the antibody production of Peyer’s patches cells. Arzneimittelforschung. 2004;54(2):114-8.
[6] Block KI, Mead MN.Immune system effects of echinacea, ginseng, and astragalus: a review. Integr Cancer Ther. 2003 Sep;2(3):247-67.
[7] Bodinet C, Lindequist U, Teuscher E, Freudenstein J. Effect of an orally applied herbal immunomodulator on cytokine induction and antibody response in normal and immunosuppressed mice. Phytomedicine. 2002 Oct;9(7):606-13.
[8] Wustenberg P, Henneicke-von Zepelin HH, Kohler G, Stammwitz U. Efficacy and mode of action of an immunomodulator herbal preparation containing Echinacea, wild indigo, and white cedar. Adv Ther. 1999 Jan-Feb;16(1):51-70. Review.
[9] Percival SS. Use of echinacea in medicine. Biochem Pharmacol. 2000 Jul 15;60(2):155-8. Review.