Etat actuel de la recherche scientifique sur les Ingrédients Anti-stress et Bien être
Bref historique du stress et définitions
Agitation, énervement, nœuds dans l’estomac, cœur qui accélère, bouffées de chaleur ou frissons, respiration rapide, bégaiement : voilà le stress qui s’empare de vous ! Contrairement à ce que certains discours actuels laissent penser, le stress n’est pas une maladie de l’homme moderne, mais un mécanisme de défense face à un agresseur présent chez tous les êtres vivants et permettant une réponse physiologique stréréotypée afin d’assurer adaptation et survie.
Le mot stress vient du latin stringere qui signifie serrer, tendre ou étreindre : ce terme a donné le mot français détresse, repris en anglais sous la forme de distress pour aboutir au mot stress. La signification littérale du mot stress est donc pression, contrainte ou encore agression et le mot désigne aussi bien l’action de l’agent stresseur que la réaction de l’organisme. La première définition médicale du stress date quant à elle de 1936. Le physiologiste canadien Hans Selye décrit le stress comme « un syndrome général d’adaptation, une agression psychique produisant une réaction non spécifique neuro-endocrinienne et éventuellement des manifestations psychopathologiques ». Cette définition est cependant trop réductrice dans le cas de l’être humain chez qui la réaction de stress est en fait spécifique à l’agent stresseur, non stréréotypée et, de plus, variable selon les individus. Au-delà du mécanisme physiologique, la réponse au stress est en effet influencée par le vécu de l’individu, son hérédité et son caractère : il y a des gens très actifs qui sont aussi très détendus alors que des gens peu actifs peuvent être très inquiets. Ce n’est donc pas l’intensité du stress qui définit l’ampleur de la réaction. [2]
Par la suite, le biologiste français Henri Laborit a étudié ce qui se passe quand la personne ne peut ni dominer la situation, ni la fuir : ce qu’il a appelé ″l’inhibition de l’action″. Cette ″paralysie situationnelle″, a-t-il démontré, conduit précisément à des désordres neuro-psycho-immulogiques. Laborit est également célèbre pour avoir fait l’″éloge de la fuite″, qui serait un recentrage de nos objectifs afin de sauver notre peau… de l’intérieur. Quant à l’Américain Richard Lazarus, on lui doit d’importantes études sur le stress psychologique et sur l’efficacité des moyens que les gens adoptent pour y faire face (coping).
Depuis les années 1960, des milliers de recherches ont été menées dans différents secteurs (l’immunologie, la cancérologie, la neuropsychologie, etc.) sur les multiples facteurs intervenant dans chacune des phases du stress, et sur les impacts du stress sur la santé. Il en reste pourtant encore beaucoup à découvrir, notamment sur les liens entre l’esprit et le cerveau, c’est-à-dire entre la psychologie et la physiologie.
Les trois composantes du stress
Quand on parle de stress, les trois éléments suivants interviennent nécessairement, agencés de manière extrêmement variables.
L’agent de stress
L’agent stresseur (ou source de stress) est un stimulus d’ordre physique, mental, social ou émotionnel qui survient et auquel il faut rapidement s’ajuster. Le stimulus peut être mineur (contravention) ou important (déménagement), positif (un mariage) ou négatif (un conflit), exceptionnel (une intervention chirurgicale) ou constant (un horaire trop chargé), prévu (un examen) ou inattendu (un accident),…. Le stress peut être aussi d’ordre physiologique, et causé par des événements comme un médicament, une blessure ou un coup de froid, puisque l’organisme doit modifier sa chimie pour y réagir. Le manque de stimulation peut aussi créer du stress mais on se préoccupe surtout, aujourd’hui, du stress en excès lié au mode de vie et plus particulièrement du stress psychologique.
La réaction de stress
Lorsque le cerveau sonne l’alerte, des réactions physiologiques immédiates comme l’augmentation du rythme cardiaque, la constriction des vaisseaux sanguins et la montée d’adrénaline permettent une réaction rapide du corps pour s’adapter à la situation. S’ils persistent au-delà du temps nécessaire pour ″fuir ou lutter″ (théorie développée par H. Selye). Ces mécanismes donnent lieu à des malaises physiques et psychologiques : les symptômes de stress.
L’attitude face au stress
Comme nous l’avons indiqué précédemment, l’intensité de la réaction de stress dépend du message envoyé par le cerveau aux glandes endocrines, et donc de la perception qu’a l’esprit du stimulus en question : le fait de le voir comme plus ou moins dangereux, exigeant ou contraignant. Une attitude négative ou des attentes irréalistes donnent également lieu à des problèmes de stress.
Comment le corps réagit-il au stress ?
L’organisme réagit selon la réaction baptisée ″syndrome général d’adaptation″ : phase d’alarme ou d’alerte, phase de résistance et enfin phase d’épuisement.
La phase d’alarme
La première phase est totalement involontaire et correspond à la période durant laquelle l’organisme se défend contre l’agent stresseur. Des émotions fortes comme la peur, la colère ou l’anxiété s’expriment, déclenchées par la libération d’adrénaline. Dans un premier temps, le cœur s’accélère, la tension artérielle chute et le tonus musculaire diminue : le sujet est dans un état de sidération qui peut lui faire perdre tous ses moyens. Très rapidement cependant, dans les secondes qui suivent, la tension artérielle remonte et les muscles se contractent. Le sang se concentre dans les muscles et le cerveau, augmentant vigilance et mémoire. Parallèlement la sudation augmente, la respiration s’accélère et les pupilles se dilatent pour améliorer la vision : chez les animaux, cela correspond à la préparation de la lutte ou de la fuite (fight or flight response).
La phase de résistance
Lors d’une seconde phase dite de résistance, si l’agent stresseur persiste, une tension permanente s’installe dans l’organisme qui s’adapte à l’agression. L’adrénaline et le cortisol, sécrétées par les glandes surrénales, soutiennent cette tension et s’épuisent peu à peu. Cette phase d’usure est typique des cas de stress chronique. L’immunité est déprimée suite à l’action du cortisol et à ce stade de nombreuses pathologies peuvent déjà apparaître (irritabilité, hypertension artérielle, maux de tête, insomnies,…) ainsi que des comportements caractéristiques comme le désintérêt, l’envie de s’isoler.
La phase d’épuisement
Dans la troisième phase appelée phase d’épuisement, l’individu atteint un niveau d’épuisement qui met en danger ses fonctions vitales. Il n’est plus capable de s’adapter car ses ressources physiologiques sont de plus en plus affaiblies : la fatigue domine accompagnée de troubles du sommeil, entre autres. De graves pathologies peuvent alors apparaître, l’infarctus en particulier ou la dépression. [2]
Physiologie du stress : rôle des systèmes neuro-hormonaux
Deux axes distincts sont en fait activés simultanément : un axe rapide et immédiat via le système nerveux sympathique qui libère de l’adrénaline et de la noradrénaline, et un axe lent et prolongé via les systèmes limbique et hypothalamo-hypophyso-surrénalien qui provoquent la sécrétion par les glandes surrénales d’adrénaline, de noradrénaline et de glucocorticoïdes (famille des corticostéroïdes) qui vont interagir avec les récepteurs à la sérotonine du cerveau.
Activation du système nerveux sympathique
En cas de stress, le système nerveux sympathique orchestre la réponse de fuite ou de lutte via la libération de deux neurotransmetteurs : la noradrénaline et l’adrénaline. Ces molécules préparent l’organismes à l’effort : dilatation les bronches, accélération l’activité cardiaque et respiratoire, dilatation des pupilles, augmentation de la sécrétion de sueur et de la tension artérielle, mais diminution de l’activité digestive.
Activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien
Les glucocorticoïdes (cortisone, hydrocortisone, prednisone) qui, outre leur activité anti-inflammatoire et immunosuppressive, stimulent la synthèse du glucose et augmentent la mobilisation des acides gras et des protéines pour répondre à la demande métabolique plus élevée engendrée par un stress. Les glucocorticoïdes jouent un rôle extrêmement important dans les réactions de peur, d’anxiété et dans les états dépressifs. Ils exercent souvent leurs effets sur le comportement en augmentant ou diminuant l’efficacité de certaines voies neuronales.
Suite à un stress, le taux de glucocorticoïdes sanguins augmente et cela entraîne, via des récepteurs spécifiques situés dans l’hippocampe (système limbique), une activation de l’hypothalamus qui sécrète alors l’hormone CRH (pour Corticotropin-Releasing Hormone). Cette hormone amène à son tour l’hypophyse, petite glande endocrine située juste sous l’hypothalamus, à produire l’hormone ACTH (adréno-corticotropine) qui circule dans le système sanguin et atteint les glandes surrénales où elle provoque la libération de cortisol. Ce processus forme une boucle de rétroaction négative où l’excès de cortisol active les récepteurs aux glucocorticoïdes du cerveau et supprime la production de CRH. Chez les patients déprimés cependant, cette boucle ne fonctionne plus d’où une production excessive de CRH, et donc de cortisol. Plusieurs patients sérieusement déprimés ont un taux de cortisol sanguin élevé provoqué par un stress chronique.
Hypothalamus
Hormone CRH stimulation
Hypophyse sécrétion
Hormone ACTH
Glandes surrénales
Cortisol
Mécanisme physiologique simplifié du stress montrant les boucles de régulation [6]
Un stress chronique, en sollicitant exagérément l’axe du stress, amèneraient des changements structuraux dans certaines régions du cerveau. C’est le cas par exemple de certaines régions de l’hippocampe qui subissent des pertes neuronales importantes sous l’effet d’un stress prolongé.
Rôle de l’angiotensine
Synthèse de l’angiotensine et rôle sur l’hypertension
L’hypertension est le facteur de risque le plus important associé aux maladies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, crise cardiaque, insuffisance cardiaque et diabète en phase terminale) qui soit contrôlable. Le système rénine-angiotensine-aldostérone est l’une des cibles pour le contrôle de la pression artérielle : la rénine hydrolyse l’angiotensinogène en angiotensine I qui est ensuite hydrolysé par l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE) en angiotensine II, octapeptide hypertenseur qui agit en provoquant une vasoconstriction des muscles lisses des vaisseaux sanguins.
Modulation de l’activité de l’angiotensine : médicaments et nutrition
De nombreux effets secondaires sont liés à l’utilisation de médicaments inhibiteurs de l’ACE : hypotension, taux de potassium élevés, fonction rénale réduite, toux, angiodème, problèmes de peau et anomalies fœtales. Les protéines de lait sont une source importante de peptides inhibiteurs de l’ACE et plusieurs études chez des rats hypertendus montrent que les casokinines (obtenues à parti de caséines) et les lactokinines (dérivées des protéines de lactosérum) peuvent réduire de manière significative la pression artérielle. Les études cliniques, encore peu nombreuses, confirment ces résultats. [1]
Rôle de la sérotonine
Synthèse de la sérotonine
Dans l’organisme, 90% de la sérotonine ou 5-hydroxytryptamine se trouve au niveau du tube digestif (cellules entérochromaffines qui la libèrent dans le plasma), 8% est captée par les plaquettes et seulement 2% est localisée dans le système nerveux central (neurones sérotoninergiques). La demi-vie de la sérotonine cérébrale est de l’ordre de quelques minutes. La sérotonine plasmatique ne pouvant franchir la barrière hémato-encéphalique, la sérotonine cérébrale (5HTc) doit être synthétisée in situ.
Le L-tryptophane (Trp) est le précurseur de la sérotonine. C’est un amino-acide aromatique essentiel (non synthétisé par l’organisme) apporté par les protéines alimentaires. Seulement 10% du tryptophane est métabolisé en sérotonine, le reste étant soit utilisé pour la synthèse des protéines, soit pour celle de la vitamine B3 (voie prioritaire). Seul le tryptophane libre peut pénétrer dans le cerveau via le même transporteur que les acides aminés branchés et les autres acides aminés aromatiques : le ratio Trp/AAN est donc le facteur limitant du passage du tryptophane dans le cerveau.
L-tryptophane
Hydroxylation par la tryptophane hydroxylase
en présence de Fer
5-hydoxytryptophane
Décarboxylation par une décarboxylase
commune aux aa aromatiques
en présence de Vitamine B6
Sérotonine
Une fois formée, la sérotonine cérébrale est stockée dans des vésicules présynaptiques, ce qui nécessite du magnésium. Par la suite, elle est catabolisée en 5-HIAA et éliminée dans les urines. Au niveau de l’épiphyse, la sérotonine peut changer de voie sous l’action de l’obscurité et entrer dans la voie de synthèse de la mélatonine qui favorise le sommeil.
Certaines circonstances peuvent générer un déficit en sérotonine : des carences en cofacteurs de la biosynthèse, le fer et la vitamine B6 en particulier, ou en cofacteurs du stockage (magnésium). Mais à plus large échelle, l’activité sérotoninergique cérébrale est directement dépendante du métabolisme du tryptophane libre, du ratio Trp-AAN et de certaines données environnementales.
Effets physiologiques de la sérotonine sur le stress
Les effets de ce neurotransmetteur sont nombreux et complexes : elle intervient principalement dans la régulation de l’humeur, de l’appétit et du sommeil. Graeff et al. ont précisé les mécanismes impliquant la sérotonine dans les réactions de stress : la sérotonine semble promouvoir la neurogenèse dans l’hippocampe [4]. Or le stress provoque la libération dans le cerveau de certaines hormones comme les glucocorticoïdes qui diminuent la neurogenèse et même détruisent des neurones, justement au niveau de l’hippocampe. D’autres travaux ont mis en évidence la déficience de l’activité sérotoninergique chez les dépressifs et en particulier le rôle de la neurogenèse hippocampique sur la modulation de la dépression (Santarelli et al. [5]). Par ailleurs, la sérotonine favoriserait l’endormissement et éviterait les réveils précoces (rôle via la mélatonine).
Modulation nutritionnelle de l’activité de la sérotonine
Au cours d’un stress il y a par exemple libération de cortisol qui favorise la voie métabolique de la synthèse de la vitamine B3, détournant ainsi le tryptophane de la voie de la synthèse de la sérotonine. Lorsque le tryptophane circulant est en concentration normale, l’hydroxylase, enzyme limitante de la synthèse de la sérotonine, n’est pas saturée.
Par conséquent, en période de stress, une alimentation enrichie en trypthophane permet d’augmenter le taux de tryptophane circulant mais aussi le taux de sérotonine synthétisée dans le cerveau. Cela n’aura bien entendu d’effet physiologique que si la sensibilité des récepteurs est accrue, ce qui sous-entend un épuisement préalable à l’origine de cette hypersensibilité.
L’alpha-lactalbumine, qui est une fraction protéique du lactosérum, présente la plus haute concentration en tryptophane de toutes les protéines de lait de vache et apparaît donc comme une source alimentaire de premier choix pour renforcer la fonction sérotoninergique.
Stress et nutrition
Stress, activation sympathique et métabolisme des aliments
Parmi les facteurs neuro-hormonaux augmentés au cours d’une situation d’agression ou d’un stress, les glucocorticoïdes et l’activation du système nerveux sympathique tiennent une place importante. Des études récentes suggèrent l’impact de l’ocytocine dans la régulation de la réponse au stress.
L’activation du système adrénergique et l’augmentation de la sécrétion de cortisol ont été de longue date démontrées au cours de situation d’agression ou de situation stressante.
Les glucocorticoïdes influencent la régulation pondérale. Ils réduisent la captation de glucose par le muscle et favorisent l’insulinorésistance. Des études récentes montrent que les glucocorticoïdes ont également un impact sur les neuro-médiateurs de la prise alimentaire. Chez le rat, une infusion centrale de dexaméthasone stimule la prise alimentaire et conduit à une prise pondérale. Cet effet associé à l’hyperinsulinémie secondaire à l’insulinorésistance stimule la lipogenèse et l’accumulation des graisses.
Les glucocorticoïdes favorisent le stockage des graisses
L’impact des glucocorticoïdes sur la prise alimentaire passe en partie par le neuropeptide Y, synthétisé au niveau hypothalamique et puissant stimulant de la prise alimentaire. Par ailleurs, le neuropeptide Y augmente la production d’insuline et le stockage de graisses de réserve. Chez le rat, les glucocorticoïdes favorisent la prise pondérale induite par le neuropeptide Y. A l’inverse, la leptine produite par le tissu graisseux agit comme facteur de satiété au niveau de l’hypothalamus et a des effets opposés à ceux du neuropeptide Y. Mais, toujours chez l’animal, les glucocorticoïdes s’opposent aux effets protecteurs de la leptine et favorisent la prise pondérale. Il semble donc les glucocorticoïdes agissent directement sur l’homéostasie énergétique et la régulation de la prise alimentaire. Une stimulation chronique de l’axe corticotrope en cas de stress pourrait générer une prise pondérale.
L’ocytocine s’oppose aux effets du stress
L’ocytocine est une hormone synthétisée par l’hypophyse postérieure, responsable des contractions de l’utérus après l’accouchement et du muscle lisse mammaire au cours de la lactation. Les actions centrales de l’ocytocine sont moins bien connues ; elles concerneraient le comportement maternel de l’animal. L’ocytocine pourrait être impliquée dans un réflexe psycho-neuro-endocrinien chez la femme. Elle module les fonctions de l’hypophyse antérieure et interagit avec l’axe corticotrope. Une perfusion d’ocytocine diminue la production d’ACTH et de cortisol en réponse à un stress. Plus l’ocytocine augmente, plus l’ACTH est inhibée. L’effet de l’ocytocine s’oppose à celui d’une autre hormone posthypophysaire, la vasopressine, ou ADH, qui stimule l’axe corticotrope. Cette approche doit être explorée plus avant mais elle ouvre d’ores et déjà des perspectives intéressantes dans le champ de la psycho-neuro-endocrinologie.
Effet protecteur des oméga-3
Dès lors, il importe de savoir comment l’activation sympathique liée au stress peut influencer le métabolisme des aliments et si certains nutriments peuvent avoir un impact sur l’axe corticotrope. Rappelons que l’hyperactivité sympathique est observée au cours d’une obésité viscérale ; le flux portal d’acides gras libres est augmenté, activant l’axe corticotrope. Cette hyperactivité sympathique favorise l’insulinorésistance et l’hypertension artérielle. Les acides gras polyinsaturés de la série N-3 s’opposent aux anomalies observées dans le syndrome métabolique. Ils permettraient aussi de diminuer la réponse psychologique au stress (diminution de l’agressivité des étudiants en phase de préparation des examens). Des travaux ont montré que l’huile de poisson régule la réponse au stress mental en diminuant la réponse adrénergique et l’élévation du cortisol. Les acides gras polyinsaturés, en particulier de la série N-3, ont également un impact chez les déprimés. Leur impact pourrait passer par des effets neurophysiologiques, notamment sur les voies sérotoninergiques et dopaminergiques.
Qu’en est-il du chocolat et du magnésium ?
Le chocolat a la réputation d’être un aliment anti-stress ; cette propriété est attribuée à la présence d’amines sympathomimétiques (comme la tyramine et la phényléthylamine) ou de méthylxantine (caféine, théobromine). En fait, seules la caféine et la théobromine peuvent atteindre le cerveau en quantité suffisante pour être psychoactives, alors que les amines sympathomimétiques, qui sont métabolisées par l’intestin et le foie, se trouvent en trop faible quantité au niveau du cerveau pour avoir un effet. Le rôle anti-stress du chocolat viendrait plutôt de sa composante psychosensorielle qui comble un besoin compulsif. Le chocolat n’est pas en lui-même une substance addictive, mais favorise les compulsions. Ses adeptes seraient dépendants d’une conduite alimentaire plus que d’un produit. Pour sa part, le magnésium intervient dans de nombreux métabolismes consommateurs d’énergie. D’après différentes enquêtes, dont Suvimax, plus de 70 % de la population auraient des apports inférieurs aux apports nutritionnels conseillés. L’augmentation du niveau des catécholamines, des corticoïdes, des hormones thyroïdiennes et la réduction de l’insuline sont responsables d’une déperdition en magnésium. Par ailleurs, il est montré qu’un déficit en magnésium aggrave les effets du stress. Au total, il est difficile d’individualiser des nutriments anti-stress ; toutefois, les oméga 3 et le magnésium paraissent intéressants de ce point de vue. Reste qu’une alimentation diversifiée, équilibrée et source de plaisir participe certainement à la prévention du stress quotidien.
Différence entre bon et mauvais stress
Le Dr Hans Selye appelait le bon stress « eustress » et le mauvais « distress ». On a tendance à l’ignorer, mais les réactions de stress sont normales et utiles. On sait, par exemple, que le niveau de performance est meilleur en présence d’une certaine dose de stress. Celui-ci permettrait de stimuler la motivation, de mieux juger les paramètres de la situation et de se préparer en conséquence. Plusieurs personnes, d’ailleurs, aiment cette excitation du stress et la recherchent dans la compétition, par exemple.
Chez d’autres, moins chanceux, les réactions de stress sont si intenses ou si durables, même dans des situations courantes, que cela nuit à leur vie sociale et professionnelle. Et chez certains, le système nerveux tarde à enclencher l’indispensable réaction de détente, même après la disparition de l’agent de stress. Il existe donc des tolérants au stress et des intolérants, mais on pourrait aussi définir une troisième catégorie de personnes : les accros de l’adrénaline.
Symptômes et pathologies induits par le stress
En pharmacologie, il est établit que ce n’est pas l’agent agresseur qui est pathogène mais la réaction de l’organisme à cet agent
Les symptômes
physiques Les symptômes émotionnels et mentaux Les symptômes comportementaux
– les tensions musculaires
– les problèmes digestifs
– les problèmes de sommeil ou d’appétit
– les maux de tête
– les vertiges
– le souffle court
– la fatigue – l’agitation
– l’irritation
– l’indécision
– l’inquiétude
– l’anxiété
– le manque de joie
– la mélancolie
– la baisse de libido
– la difficulté à se concentrer
– la faible estime de soi
– la perception négative de la réalité
– la désorganisation
– plus de difficulté dans les relations
– l’absentéisme
– la tendance à s’isoler
– l’abus de télévision
– la consommation accrue de tabac, de caféine, de sucre, de chocolat, d’alcool, de drogues
– l’évitement des situations exigeantes
Stress et inflammation
Le stress chronique découlant du statut socio-économique peut provoquer de l’inflammation et être ainsi à l’origine de certaines maladies, notamment le diabète, l’athérosclérose, certains cancers et l’Alzheimer. Telle est l’hypothèse que défend le neurologue québécois Jean-Pierre Roy [11]. L’inflammation est une réaction de défense naturelle du corps agissant lorsque celui-ci fait face à un intrus ou à une menace pour sa survie (virus, microbe, blessure, opération, …). Mais lorsqu’elle devient chronique, l’inflammation peut se retourner contre l’organisme et s’attaquer aux tissus, devenant ainsi responsable de certaines affections.
Le Dr Roy a expliqué avoir découvert comment le stress peut provoquer l’inflammation, lorsqu’il est subi de façon répétée ou prolongée chez une personne. Ceci est un paradoxe puisqu’en situation de défense, le corps déclenche un stress ponctuel qui, lui, joue un rôle anti-inflammatoire. En effet, les anticorps qui combattent les intrus ne s’arrêtent pas d’eux-mêmes et c’est le stress momentané qui vient les freiner lorsqu’ils ont éliminé virus, microbes et autres dangers. Or, le stress chronique, attribuable au statut socio-économique, a l’effet contraire. Au fil du temps, les anticorps s’habituent à sa présence et c’est lorsque le stress diminue que le bât blesse puisque le cortisol, la substance qu’il dégage pour ralentir les molécules de défense, diminue lui aussi. Résultat : celles-ci n’ont plus de frein et, à défaut d’avoir des ennemis à combattre, ils s’en prennent aux tissus du corps lui-même.
Il était déjà admis que dans les sociétés industrielles, le statut socio-économique est un important indicateur de santé publique. Au-delà des clichés, des études tendent à démontrer que plus on est haut dans la hiérarchie sociale, plus on est en santé et vice versa. Puisque l’être humain est un animal social, il doit régulièrement réévaluer son rôle dans l’échelle sociale. Ainsi, toute situation où il doit se mesurer socialement entraîne un stress psychosocial. Ce stress est sain dans la mesure où il est de courte durée. D’après le Dr Roy, c’est la crainte de perdre la face ou d’être rejeté qui provoquerait une activation chronique du système de stress.
Stress, système nerveux et mémoire
Le stress chronique ne causerait pas seulement des méfaits sur le plan physique : on l’associe désormais aussi à une altération des capacités d’apprentissage et de mémorisation. C’est ce que révèle une synthèse d’études [12] effectuée à l’Hôpital Douglas de Montréal, visant à faire le point sur l’impact à long terme du stress sur les capacités intellectuelles, entre autres chez les personnes âgées et les enfants.
Du côté des personnes âgées, on a mesuré, sur une période de trois ans à six ans, les taux de cortisol, une hormone dont la concentration augmente en fonction du niveau de stress. On a constaté que, chez les personnes affichant un taux de cortisol élevé, le volume de l’hippocampe était 14 % plus petit que chez ceux vivant un stress moyen. Partie intégrante du cerveau, l’hippocampe joue un rôle important dans l’apprentissage et la mémoire déclarative (la mémoire de ce qu’on peut décrire verbalement, plutôt que celle des savoir-faire). De plus, les aînés les plus stressés ont obtenu des résultats jugés médiocres à des tests de mémoire. Les chercheurs ont aussi comparé le taux de cortisol chez de jeunes enfants de six ans à dix ans, selon leur milieu socio-économique. Ils ont observé que ceux provenant de milieux défavorisés affichaient un taux de cortisol de base, donc de stress, plus élevé que ceux des milieux nantis. De plus, ils ont établi chez ces enfants un lien entre un taux élevé de cortisol et des symptômes de dépression chez leur mère.
Selon Sonia J. Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain à l’Hôpital Douglas, les conclusions des 15 études analysées vont toutes dans le même sens. « Peu importe l’âge, un trop grand stress a un effet sur la mémoire, ce qui nuit à la capacité d’apprentissage et d’adaptation. » [12]
Stress et prise de poids
La prise de poids pourrait s’ajouter aux nombreux effets néfastes que le stress exerce sur la santé. En effet, une étude non publiée révèle que les femmes dans la quarantaine qui vivent beaucoup de stress psychologique sont plus enclines à prendre du poids. Les résultats de cette étude (Study of Women’s Health Across the Nation) [3] ont été présentés au congrès annuel de l’American Psychosomatic Society, qui se tenait à Vancouver, au Canada, début mars 2005.
Les chercheurs du Rush University Medical Center de Chicago et de l’Université de Pittsburgh ont d’abord demandé à 2 017 femmes Afro-Américaines et Caucasiennes âgées de 42 ans à 52 ans de décrire les événements stressants qu’elles avaient vécus l’année précédente. Puis, ils ont suivi l’évolution de leur poids sur une période de quatre ans. Ils ont également récolté des renseignements à propos de l’alimentation, de l’activité physique, du tabagisme et des périodes menstruelles afin d’interpréter les données de manière à minimiser l’impact de ces facteurs. Résultat : les femmes ayant fait face aux facteurs de stress les plus importants (mort d’un proche, perte d’un emploi, divorce, etc.) avaient pris significativement plus de poids que les autres. [3]
Le Pr Tené Lewis, qui dirige l’étude depuis l’Université de Chicago, croit que l’organisme des personnes qui font face à des stress importants est plus porté à emmagasiner le gras. Cette opinion est toutefois mise en doute par le Dr Denis Richard, titulaire de la Chaire de recherche sur l’obésité à l’Université Laval à Québec : « Pour qu’il y ait prise de poids, il doit y avoir augmentation de la consommation d’aliments ou diminution des dépenses d’énergie », soutient-il. « Souvent, l’effet immédiat du stress est de couper l’appétit, fait-il remarquer. Par la suite, les personnes qui ont du mal à gérer leur stress soulagent parfois leur malaise en mangeant des aliments réconfortants. Bien entendu, on parle d’aliments sucrés ou gras. » D’après lui, l’analyse statistique des données ne permet pas de conclure que le stress est responsable à lui seul du gain de poids.
Les spécialistes s’entendent toutefois sur le fait que les femmes plus habiles à gérer leur stress ont plus de facilité à conserver leur ligne. Dans le domaine de la gestion du stress, les moyens abondent : apprendre à relaxer, pratiquer un art martial, suivre une psychothérapie comportementale, respirer profondément,…
Stress et vieillissement prématuré
Une longue période de stress psychologique réduirait la vie des cellules, au point de provoquer un vieillissement prématuré de dix ans, selon des chercheurs américains. Ceux-ci ont observé l’effet du stress sur le processus de vieillissement chez 58 mères âgées de 20 à 50 ans, dont les deux tiers prenaient soin d’enfants malades chroniques [7]. Les chercheurs émettaient l’hypothèse que les mères s’occupant d’un enfant malade chronique seraient plus sujettes à vivre un stress psychologique plus intense et plus fréquent que les mères d’enfants en santé.
Pour quantifier cet effet, ils ont mesuré la longueur des télomères, des éléments situés aux extrémités des chromosomes. La longueur des télomères décide de la durée de vie de nos cellules. Chaque fois qu’une cellule se divise, les télomères raccourcissent. Lorsqu’ils atteignent une certaine longueur, la cellule meurt. Les télomères peuvent cependant être réparés grâce à une enzyme, la télomérase, retardant ainsi le processus de vieillissement. Les auteurs ont constaté que les mères ayant donné des soins à un enfant malade le plus longtemps (12 ans) et celles qui perçoivent le plus fort taux de stress, présentaient les télomères les plus courts et l’activité la plus réduite de la télomérase. À partir de ces données, les chercheurs ont pu évaluer que les chromosomes des mères les plus éprouvées avaient vieilli prématurément de dix ans. Les résultats ont été analysés en tenant compte de l’âge de la mère, son style de vie, sa consommation de vitamines et son indice de masse corporelle.
L’état de la recherche actuelle ne peut expliquer très exactement de quelle façon le stress psychologique affecte le corps et le moral. Toutefois, à la lumière des résultats de leur étude, les auteurs croient que la longueur des télomères pourrait être un facteur de risque pour la santé au même titre que le taux de cholestérol. Ils souhaitent maintenant que des essais cliniques soient menés afin de vérifier si des techniques de relaxation pourraient freiner les effets du stress et, par conséquent, protéger l’activité de la télomérase et des télomères.
Par ailleurs, le stress aiderait en fait à vivre plus longtemps et en meilleure santé. Du moins c’est l’effet qu’a eu un stress passager chez le ver Caenorhabditis elegans, un animal fréquemment étudié par les chercheurs en raison de sa composition biochimique similaire à celle des humains. Morley et al. ont découvert que lorsque l’organisme est soumis à un stress soudain, ou lorsqu’il fait l’objet d’un stress prolongé mais de faible intensité, il produit des protéines qui combattent les dommages subis quotidiennement. Chez C. elegans, lorsque le gène qui contrôle la production de ces protéines était sous-actif, le ver vivait moins longtemps. Mais lorsque ce gène était sur-actif, en raison d’une exposition à un stress, le ver vivait plus longtemps. Les chercheurs ne savent pas si ces résultats sont transposables chez l’humain, mais ils font remarquer que seul un stress passager ou de faible intensité a ici été étudié. [7]
Traitements médicamenteux du stress et des états anxieux
Les tranquillisants
Tout état anxieux n’appelle pas automatiquement une prescription de tranquillisants. Les symptômes de l’anxiété ne deviennent pathologiques que lorsqu’ils atteignent un caractère invalidant pour la personne qui en souffre. Ils justifient alors un traitement spécifique, le plus souvent aux benzodiazépines, qui peuvent être prescrites temporairement sans conséquences néfastes significatives pour la santé. Elles s’avèrent alors généralement efficaces pour diminuer l’anxiété ressentie sans toutefois s’attaquer aux sources de celle-ci.
Principales benzodiazépines utilisées en tant que principe actif
Le terme « benzodiazépine » désigne la classe chimique générale à laquelle appartient ces molécules. Parmi les benzodiazépines les plus connues, on retrouve le diazépam (Valium, Vivol, T-Quil, Valrelease…), le lorazépam (Ativan, Alzapam, Loraz…), l’alprazolam (Xanax, Alprazolam Intensol…) et le chlordiazépoxide (Librium, Novopoxide, Libritabs…). On sait depuis longtemps que les benzodiazépines se fixent sur le récepteur GABA-A, favorisant ainsi l’ouverture du canal à ions chlore et potentialisant l’effet inhibiteur du GABA sur l’activité neuronale et un effet général anxiolytique. Ce que l’on découvre de plus en plus, c’est que les effets spécifiques à chaque type de benzodiazépine semblent être directement liés aux différents types du récepteur GABA-A qui sont formés d’agencements particuliers des différentes sous-unités (alpha, bêta et gamma) qui constituent ce récepteur.
Outre les benzodiazépines, les antidépresseurs et les neuroleptiques, certains antihistaminiques (comme l’hydroxyzine) ont des propriétés sédatives et sont utilisés dans le traitement de certaines formes d’anxiété plutôt à court terme. Des agonistes des récepteurs sérotoninergiques de type 5HT-1A (comme la buspirone), en activant les autorécepteurs sérotoninergiques, diminuent la libération de sérotonine ce qui produit un effet anxiolytique comparable à celui que produisent les médicaments activant les récepteurs GABA, comme les benzodiazépines par exemple. [6]
Les anti-dépresseurs
Le développement des traitements anti-dépresseurs a suivi l’évolution des hypothèses biochimiques concernant la dépression. Une première hypothèse formulée durant les années 1960 ciblait la noradrénaline comme le neurotransmetteur principal impliqué dans la dépression. Cette hypothèse dite «des catécholamines» supposait que la dépression était due à une déficience en noradrénaline dans certains circuits cérébraux, alors que la manie correspondait à une surabondance du même neurotransmetteur. Bien qu’encore reconnue, cette hypothèse n’explique pas tout, et en particulier pourquoi des fluctuations du taux de noradrénaline n’affecte pas l’humeur de certaines personnes. [6]
Durant les années 1970, l’implication d’un autre neurotransmetteur, la sérotonine, fut postulée dans ce que l’on a appelé l’hypothèse «permissive» de la dépression. Celle-ci propose que la diminution de la quantité de sérotonine à certaines synapses puisse aussi être à l’origine d’une dépression en déclenchant ou en « permettant » une baisse de noradrénaline. Par conséquent, même si l’on reconnaissait toujours un rôle important à la noradrénaline dans la dépression, on pouvait maintenant agir sur la sérotonine pour tenter de soulager la dépression. Une voie thérapeutique qui remplit ses promesses avec le Prozac et tous les autres inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) qui se sont avérés d’une grande efficacité depuis les années 1980. [6]
Un troisième neurotransmetteur d’importance dans la dépression est la dopamine. Cette molécule est aussi impliquée dans la schizophrénie et la maladie de Parkinson. Elle joue un rôle important dans le renforcement positif et la récompense, autrement dit dans la poursuite de l’action gratifiante. L’utilisation de substances dopaminergiques et de stimulants comme antidépresseurs donne d’ailleurs des résultats positifs et rapides chez plusieurs patients, ce qui en fait des compléments intéressants aux autres antidépresseurs qui peuvent prendre plusieurs semaines à agir. Les médicaments qui agissent directement sur la dopamine sont cependant plus susceptibles de créer des dépendances, ce qui rend leur utilisation plus délicate. [6]
Impact sociologique et économique du stress
Les chiffres du stress
Le stress empoisonne l’existence, au propre comme au figuré : non seulement il rend la vie désagréable, mais il rend malade. Selon le Dr Herbert Benson, du Mind-Body Medical Institute de l’université Harvard, environ 80 % des consultations médicales seraient liées au stress, d’une manière ou d’une autre. De même que 60 % à 80 % des accidents de travail, selon l’American Institute of Stress.
L’OMS estime à 450 millions le nombre de personnes concernées par le stress dans le monde. Plus de 4 millions de personnes seraient touchées en France. Selon les économistes de la santé S. Béjean et H. Sultan-Taïeb de l’Université de Bourgogne, 23 000 à 36 000 décès par an sont dus au stress en France. A l’échelle de l’Europe, l’OMS estime le coût du stress (frais de santé, perte de temps de travail et perte de productivité) à 20 milliards d’euros.
Du côté de la population, d’après une enquête consommateur réalisée par Globescan et présentée en 2005, 17% des Européens considèrent le stress comme le risque le plus important pour la santé, à égalité avec le tabac. Cette anxiété généralisée se traduit par une consommation très élevée de médicaments de type psychotrope ou anxiolytiques. Ainsi 1 Français sur 4 consomme des psychotropes, soit plus d’1 milliard d’euros dépensés pour les antidépresseurs, somnifères et autres anxiolytiques dont 43% sur ordonnance selon la CNAM.
Les hormones du stress, indice fiable de prédiction du divorce
Selon une étude encore non publiée effectuée auprès de 90 couples durant 10 ans, le niveau sanguin d’hormones de stress est un facteur plus fiable qu’un comportement agressif ou négatif pour prédire un divorce. Les couples avaient été spécialement sélectionnés par le Centre médical de l’Université d’État d’Ohio parce que tous se disaient très heureux d’être ensemble au début de leur mariage et ne montraient aucun facteur de risque connu comme des problèmes de comportement ou des maladies psychiatriques. D’ailleurs, après dix ans, leur taux de divorce de 19 % était environ la moitié du taux moyen aux États-Unis. Au début de la recherche, les couples qui ont divorcé se disaient aussi heureux que ceux qui sont restés ensemble. Mais leurs niveaux d’hormones de stress (adrénaline, norépinéphrine, cortisol et ACTH) révélaient que quelque chose, à un niveau inconscient, n’allait pas aussi bien.
Selon le Dr Janice K. Kiecolt-Glaser, il ne semble y avoir aucun facteur génétique impliqué parce que, en dehors du fait de se trouver en présence de leur partenaire, les participants ne montraient aucune aptitude particulière à secréter des hormones de stress en d’autres circonstances. Au-delà d’une possible interprétation réductionniste (comme de conclure que le fait de réduire le niveau d’hormones de stress ferait baisser le taux de divorces), la recherche montre surtout que de subtils malaises et non-dits inconscients entre époux élèvent de manière imperceptible le niveau de stress et soumettent les individus à une tension constante. Logiquement, ces conflits inconscients et latents finissent par éclater un jour ou l’autre. D’où une prochaine recherche concluera que la pratique du dialogue franc et sincère entre époux est le meilleur moyen de faire baisser les niveaux d’hormones de stress.
Deux autres recherches précédemment publiées par le Dr Kiecolt-Glaser [9,10] ont montré un lien significatif entre l’état du système immunitaire et le processus de séparation. Ces recherches sont consistantes avec les données épidémiologiques concernant le taux de morbidité (maladie) et de mortalité chez les gens divorcés.
Références :
1. Richard J. FitzGerald, Brian A. Murray and Daniel J. Walsh, Hypotensive Peptides from Milk Proteins, The American Society for Nutritional Sciences J. Nutr. 134:980S-988S, April 2004
2. Stress Contrôle, Dr Daniel Gloaguen, Editions Alpen, 2005.
3. TT. Lewis et al., unpublished results from the Study of Women’s Health Across the Nation (SWAN) presented at the American Psychosomatic Society Annual Meeting, held March 2-5 in Vancouver, British Columbia, Canada.
4. Graeff FG, Guimaraes FS, De Andrade TG, Deakin JF., Role of 5-HT in stress, anxiety, and depression., Pharmacol Biochem Behav. 1996 May;54(1):129-41.
5. Santarelli L, Saxe M, Gross C, Surget A, Battaglia F, Dulawa S, Weisstaub N, Lee J, Duman R, Arancio O, Belzung C, Hen R., Requirement of hippocampal neurogenesis for the behavioral effects of antidepressants, Science. 2003 Aug 8;301(5634):757.
6. Bruno Dubuc, Le Cerveau à tous les Niveaux, site Internet www.lecerveau.mcgill.ca
7. Epel ES, Blackburn EH, et al., Accelerated telomere shortening in response to life stress, Proceedings of the National Academy of Sciences USA (PNAS), december 2004, Vol. 101, No 49, 17312-5.
8. Morley JF, Morimoto RI., Regulation of longevity in Caenorhabditis elegans by heat shock factor and molecular chaperones., Mol Biol Cell. 2004 Feb;15(2):657-64. Epub 2003 Dec 10.
9. Kiecolt-Glaser JK, Kennedy S, Malkoff S, Fisher L, Speicher CE, Glaser R. Marital discord and immunity in males. Psychosom Med. 1988 May-Jun;50(3):213-29.
10. Kiecolt-Glaser JK, Fisher LD, Ogrocki P, Stout JC, Speicher CE, Glaser R. Marital quality, marital disruption, and immune function. Psychosom Med. 1987 Jan-Feb;49(1):13-34.
11. Roy JP, Socioeconomic status and health: a neurobiological perspective, Medical Hypotheses, Vol. 62, No 2, 2004, 222-7.
12. Lupien SJ, Fiocco A, Wan N, et al. Stress hormones and human memory function across the lifespan, Psychoneuroendocrinology, Avril 2005, Vol. 30, No 3, 225-42.