OMEGA 3
Ostéoporose
Oméga 3 et 6 influencent différemment la formation des prostaglandines et module le métabolisme osseux. Beaucoup d’études animales et in vitro suggèrent que l’alimentation avec un rapport n-6/n-3 peut avoir des effets bénéfiques sur la densité minérale osseuse. Deux études sur trois montrent des effets positifs des AGPI sur l’os. Plus d’études doivent être faites pour déterminer les bons dosages et type de PUFA pour avoir un maximum d’effet sur l’os [9].
Le taux rapide de perte osseuse post ménopause est médié par les cytokines inflammatoires, IL-1, IL-6 et TNF-alpha. La suplementation alimentaire avec de l’huile de poisson, des graines de lin ou de l’huile de graines de lin chez les animaux et chez les humains réduit significativement la production de cytokines avec une augmentation de l’absorption calcique, du calcium osseux et de la densité osseuse. Des possibilités peuvent exister au niveau thérapeutique pour l’utilisation des acides gras omega-3, comme supplément ou dans la nourriture, pour empêcher l’augmentation des cytokines de résorption osseuse produites dans les premières années de ménopause, pour diminuer l’augmentation rapide de la perte osseuse. Il pourrait exister aussi un effet positif de l’acide gamma linoléique (Oméga 6) dans la préservation de la densité osseuse [10].
Des études récentes sur les animaux ont suggéré que l’acide gamma linoleique (GLA) et l’acide eicosapentanoique (EPA) augmentent l’absorption calcique, réduisent l’excrétion et augmentent la déposition de calcium dans l’os. 65 femmes suivant une alimentation de base pauvre en calcium, et consomment soit une capsule contenant du GLA et de EPA soit un placebo (huile de coco), en plus, toutes reçoivent 600mg/jour de calcium. Les marqueurs de formation osseuse ou de dégradation et de densité minérale osseuse (BMD) sont mesurés le 6ème, 12ème et 18ème mois. 21 personnes ont continué le traitement pour une seconde période de 18 mois, après quoi la BMD a été mesuré. A 18 mois, les niveaux d’osteocalcine et de deoxypyridoline diminue significativement dans les deux groupes, indiquant une diminution du turnover de l’os, et la phosphatase alcaline augmente. Sur les 18 premiers mois, la densité osseuse lombaire reste le même dans le groupe traité, mais décroît de 3,2% dans le groupe placebo. La densité osseuse du fémur augmente de 1,3% dans le groupe traité, mais décroît de 2,1% dans le groupe placebo. Durant le seconde période de 18 mois avec tous les patients qui reçoivent un traitement, la densité osseuse lombaire augmente de 3,1% chez les patients qui ont un traitement et de 2,3% chez les personnes qui sont passé du placebo au traitement, la BMD fémoral dans ce dernier groupe montre une augmentation de 4,7%. Cette étude suggère que les GLA et les EPA ont des effets bénéfiques sur l’os dans ces groupes de personnes agés, et il peut être prolongé pour une plus longue période de temps [11].
Dans le remodelage de l’os, l’action local de l’acide arachidonique avec les cytokines, est particulièrement important, spécialement le rôle de PGE2. Il a été suggéré que la destruction osseuse dans les maladies périodontals et l’ostéoporose peuvent être traité par réduction du taux d’acide arachidonique dans les phospholipides ce qui peut favoriser la diminution de prostaglandine. Sur les 105 patients qui participent à l’étude, 78 souffrent de perte osseuse péridontal et 27 servent de contrôle. Les résultats montrent que le niveau d’acide gras n-6 est plus élevé chez les patients avec une perte osseuse que dans le groupe contrôle. L’inverse est observé pour les n-3. La perte osseuse est liée à un déséquilibre entre n-6 et n-3[12].
Maladies cardiovasculaires
L’acide docosahexaneoique (DHA) peut influencer favorablement les facteurs de risques des maladies cardiovasculaires chez les femmes ménopausées. C’est ce qu’une étude sur des femmes ménopausées montre. Ces 22 femmes (18 avec THS, 14 sans) vont consommer un supplément de DHA et un placebo au cours de deux périodes de 28 jours. La supplémentation en DHA est associé à des changements significatifs (p<0,05) : 20% de diminution des triglycérides, 8% d’augmentation de HDL et une diminution de 7% du rythme cardiaque.
La supplémentation en DHA entraîne une diminution de 45% du taux de EPA (p=0,02) et de 42% de diminution de la retro conversion de la DHA en EPA chez les femmes qui reçoivent un traitement hormonal substitutif que celle qui n’en reçoivent pas. Avec la supplémentation en DHA, l’accumulation d’EPA dans les phospholipides du sérum est significativement atténuée chez les femmes ménopausées qui reçoivent le THS comparé à celle qui n’en reçoivent pas [4].
Une étude de 48 semaines a été réalisée sur des femmes ménopausés hyperlipidémique, les volontaires avaient un taux de cholestérol total entre 220 à 280 mg/dL et des triglycérides entre 150 à 400 mg/dL.
deux groupes ont été formés :
– groupe traité avec de l’estriol à 2 mg par jour (groupe contrôle, n=72)
– groupe traité avec de l’éthyle icosapentate à 1800 mg/jour et de l’estriol à 2 mg par jour (groupe EPA, n = 69).
Le niveau total de cholestérol du sérum décroît significativement de 249,4 à 238,6 mg/dL (-4,3%, P=0,003) dans le groupe contrôle et de 252,3 à 234,0 mg/dL (-7.3%, P =.001) dans le groupe essai à 48 semaines chez les femmes dont le niveau de cholestérol total n’était pas inférieur à 220 mg/dL. Les niveaux de triglycérides du sérum décroient significativement de 194.5 à 141.5 mg/dL (-27. 2%, P =.001) dans le groupe essai mais augmente de 192.9 à 207.4 mg/dL (+7.5%) dans le groupe contrôle à 48 semaines chez les femmes dont le niveau de triglycérides n’était pas inférieure à 150mg/dL. La combinaison entre l’EPA et l’estriol est intéressant pour les femmes ménopausées en hypertriglyceridémie [14].
Cancer du sein
Des recherches récentes ont suggérés que l’augmentation de l’assimilation d’acides gras n-3 ou l’augmentation du rapport (n-3)/ (n-6) dans la nourriture soit associé avec un plus petit risque de cancer. Une étude multicentrique lie effectivement risque de cancer de sein et rapport (n-3)/ (n-6) spécifiquement chez les femmes pré ménopausées [8].
Des études expérimentales indiquent que les acides gras omega-3, ce qui inclut les acides alpha linoléique et les acides gras à longue chaine n-3 inhibent la croissance tumorale mammaire et les métastases. Des études plus récentes ont fait état d’un potentiel protecteur des AGPI n-3 sur les cancers du sein. Les auteurs de l’étude ont trouvé une association inverse entre les risques de cancer du sein et le niveau d’acide gras n-3 dans le tissu adipeux du sein. Ces résultats permettent de dire que les acides gras n-3 possèderait un rôle protecteur sur le risque de cancer du sein et supporterait l’hypothèse que la balance entre n-3 et n-6 jouent un rôle dans le cancer du sein [13].
Des études expérimentales suggèrent que l’acide alpha linoléique puisse avoir des effets protecteurs dans le cancer du sein. Les auteurs n’établissent pas d’association entre les acides gras (saturés, monoinsaturés, pufa n-6 ou n-3) et la maladie, excepté pour l’acide alpha linolénique qui montre une association inverse avec le risque de cancer du sein. Les résultats de l’étude suggerent un effet protécteur de l’acide alpha linolénique dans le risque de cancer du sein [15].
Les résultats d’études animales ont démontré que la consommation d’acides gras Omega-3 peut ralentir la croissance de cancer et augmenter l’efficacité de la chemothérapie.
Les mécanismes moléculaires postulent pour contribuer aux multiples effets bénéfiques des acides gras Oméga-3, ce qui inclut:
– Suppression de l’expression de la cyclooxygénase-2 dans la tumeur, ce qui décroît la prolifération des cellules cancéreuses et réduit l’angiogénèse tumorale.
– Décroissance de l’expression de AP-1 et de Ras, deux oncogènes impliqués dans la promotion tumorale.
– Induction de la différenciation des cellules cancéreuses
– Suppression de l’activation du facteur nucléaire KappaB et l’expression de Bcl-2, ce qui permet l’apoptose des cellules cancéreuses.
– Réduction de la cachexie induite par le cancer.
Il semble raisonnable de penser qu’après une thérapie cancéreuse appropriée, la consommation d’acides gras Oméga-3 peut ralentir ou stopper la croissance de cellules cancéreuses métastatiques, augmente la longévité des patients et améliore la quantité de vie[16].
Références
1 Mc Auley et al.,Low vitamin D status is common among ederly Dunedin women, 1997, The New Zeland Medical Journal, 1048: 275-7
2 Bang H, Dyerberg J, Sinclair H. The composition of eskimo food in North Western Greenland. 1980,Am J Clin Nutr ; 33 : 2657-61
3 Kromhout D, Bosschieter E, De Lezenne Coulander C. The inverse relation between fish consumption and 20-year mortality from coronary heart disease, 1985, N Engl J Med ; 312 : 1205-9
4. Stark KD, Holub BJ. Differential eicosapentaenoic acid elevations and altered cardiovascular disease risk factor responses after supplementation with docosahexaenoic acid in postmenopausal women receiving and not receiving hormone replacement therapy. Am J Clin Nutr. 2004 May;79(5):765-73.
5.Ciubotaru I, Lee YS, Wander RC. Dietary fish oil decreases C-reactive protein, interleukin-6, and triacylglycerol to HDL-cholesterol ratio in postmenopausal women on HRT. J Nutr Biochem. 2003 Sep;14(9):513-21.
6.Sun D, Krishnan A, Zaman K, Lawrence R, Bhattacharya A, Fernandes G. Dietary n-3 fatty acids decrease osteoclastogenesis and loss of bone mass in ovariectomized mice. J Bone Miner Res. 2003 Jul;18(7):1206-16.
7.Haag M, Magada ON, Claassen N, Bohmer LH, Kruger MC. Omega-3 fatty acids modulate ATPases involved in duodenal Ca absorption. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2003 Jun;68(6):423-9.
Morris MC, Evans DA, Bienias JL, Tangney CC, Bennett DA, Wilson RS, Aggarwal N, Schneider J. Consumption of fish and n-3 fatty acids and risk of incident Alzheimer disease. Arch Neurol. 2003 Jul;60(7):940-6.
8. Goodstine SL, Zheng T, Holford TR, Ward BA, Carter D, Owens PH, Mayne ST. Dietary (n-3)/(n-6) fatty acid ratio: possible relationship to premenopausal but not postmenopausal breast cancer risk in U.S. women. J Nutr. 2003 May;133(5):1409-14.
9. Albertazzi P, Coupland K. Polyunsaturated fatty acids. Is there a role in postmenopausal osteoporosis prevention? Maturitas. 2002 May 20;42(1):13-22.
10. Kettler DB. Can manipulation of the ratios of essential fatty acids slow the rapid rate of postmenopausal bone loss? Altern Med Rev. 2001 Feb;6(1):61-77.
11. Kruger MC, Coetzer H, de Winter R, Gericke G, van Papendorp DH. Calcium, gamma-linolenic acid and eicosapentaenoic acid supplementation in senile osteoporosis. Aging (Milano). 1998 Oct;10(5):385-94.
12. Requirand P, Gibert P, Tramini P, Cristol JP, Descomps B. Serum fatty acid imbalance in bone loss: example with periodontal disease. Clin Nutr. 2000 Aug;19(4):271-6.
13. Maillard V, Bougnoux P, Ferrari P, Jourdan ML, Pinault M, Lavillonniere F, Body G, Le Floch O, Chajes V. N-3 and N-6 fatty acids in breast adipose tissue and relative risk of breast cancer in a case-control study in Tours, France. Int J Cancer. 2002 Mar 1;98(1):78-83.
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15..Klein V, Chajes V, Germain E, Schulgen G, Pinault M, Malvy D, Lefrancq T, Fignon A, Le Floch O, Lhuillery C, Bougnoux P. Low alpha-linolenic acid content of adipose breast tissue is associated with an increased risk of breast cancer. Eur J Cancer. 2000 Feb;36(3):335-40.
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18. Hashimoto M, Tanabe Y, Fujii Y, Kikuta T, Shibata H, Shido O.Chronic administration of docosahexaenoic acid ameliorates the impairment of spatial cognition learning ability in amyloid beta-infused rats. J Nutr. 2005 Mar;135(3):549-55.