Réglisse
Licorice – Glycyrrhiza glabra
Originaire d’Europe Centrale, Glycyrrhiza glabra L ., la réglisse pousse maintenant dans toute l’Europe et l’Asie. La racine est utilisée pour ses propriétés médicinales. Elle possède une activité phytoestrogénique et agit comme antidépresseur.
Constituants :
Glabridine (isoflavone)
Isoliquiritigénine (flavonoide)
Dibenzoylméthane
Acide glycyrrhizique
Activité oestrogénique
Selon une étude du Dr Liu, l’extrait de réglisse a montré seulement une liaison faible aux récepteurs α et β des oestrogènes et un faible effet sur les gènes inductibles par l’oestradiol [1]. Cependant, une autre étude in vitro lui confère la deuxième meilleure activité oestrogénique après le soja, parmi 150 plantes testées [2].
C’est la racine de réglisse contenant de la glabridine, une isoflavane, qui possède cette activité phytoestrogénique. Cette molécule est la plus active parmi tous ses dérivés à la fois en ce qui concerne sa liaison au récepteur à œstrogène in vitro et in vivo et l’inhibition de la croissance de cellules de sein cancéreuses, à plus forte concentration [3].
La réglisse affecterait aussi les taux de testostérone: la réglisse a entrainé une diminution du taux de testostérone plasmatique chez des femmes en bonne santé, sans affecter la tension sanguine ni le taux de cortisol [21].
Activité antidépresseur
Les isoflavanes de racine de réglisse sont capables in vitro d’inhiber le transporteur de la sérotonine et permettent de réduire sa reprise dans les synapses. On sait que l’inhibition de la reprise de sérotonine agit comme antidépresseur. Dans cette expérience, la glabridine, isoflavane de réglisse agit de la même façon que l’oestradiol. Ces molécules inhibent la reprise de sérotonine de manière dose dépendante. Cette action de la glabridine pourrait constituer un moyen de traiter les dépressions modérées dont souffrent les femmes ménopausées [4].
Activité hypocholestérolémiante
La consommation quotidienne d’extrait de racine de réglisse (0,1 g/jour) peut avoir des effets hypocholestérolémiants modérés chez des patients en hypercholestérolémie ou non. On note une baisse du cholestérol LDL et des triglycérides chez tous et une baisse de la pression sanguine chez les patients hypercholestérolémiants ainsi qu’une action antiathérogène. Chez ces patients, la supplémentation en extrait de racine de réglisse pourrait contribuer à réduire la cholestérolémie en plus de son effet antioxydant bénéfique pour le système cardiovasculaire [10].
Activité antioxydante et anti-inflammatoire
On attribue à des propriétés antiinflammatoire et antioxydantes l’amélioration de la compréhension et de la mémoire chez les souris après consommation de150mg/lk d’un extrait aqueux de réglisse
[11, 22].
La réglisse, utilisée traditionnellement dans la médecine chinoise contre les allergies inflammatoires a montré chez la souris une activité anti allergique grâce notamment à un composé, le glycirrhizine [12].
Activité antitumorale
Plusieurs études ont montré des propriétés d’inhibition de la prolifération tumorale de la racine de réglisse [13] ou de composants tels que l’isoliquiritigenine [14, 15, 16, 23], le glycirrhizine [17,18], le dibenzoylmethane [19], le licochalcone A [24] ou des extraits de réglisse [20]. In vivo, le glycirrhizine serait notamment protecteur contre les méfaits des rayons UV-B [25].
Traitement des hépatites C
Des thérapies complémentaires existent qui utilisent la réglisse. Les mécanismes d’action ne sont pas encore élucidés. [21]
Interactions et toxicité
La réglisse interagit avec l’aspirine. Il est important de ne pas consommer simultanément ces deux produits. De plus, elle interagit avec les corticostéroïdes, oraux ou locaux et potentialise leur effet [5, 6]. Elle peut provoquer de la rétention d’eau, une perte potassique et même augmenter la pression sanguine et causer un œdème, symptômes de cet excès minéralocorticoïde. Les consommateurs de réglisse ou de glycyrrhizine (couramment utilisée comme additif par l’industrie alimentaire) doivent être mis en grade contre les risques encourus décrits dans la littérature scientifique [7, 8]. La prise quotidienne de 10mg d’acide glycyrrhizique est considérée comme sûre [9].
Conclusion
La racine de réglisse et plus particulièrement son isoflavane principale, la glabridine, est dotée d’une activité phytoestrogénique puissante. A ce titre, elle agit in vitro sur la reprise de la sérotonine en bloquant son transporteur. Ainsi, les dépressions modérées constatées lors de la ménopause pourraient être traitées par cet effet de l’extrait de racine de réglisse. La réglisse peut également aider les femmes ménopausées à réguler leur cholestérolémie et son action antioxydante permet le maintien d’une bonne santé cardiovasculaire. Il faut toutefois faire mention des nombreux effets indésirables, voire nocifs de la réglisse (syndrome hyperminéralocorticoïde par exemple).
Références
1. Liu J, Burdette JE, Xu H, Gu C, van Breemen RB, Bhat KP, Booth N, Constantinou AI, Pezzuto JM, Fong HH, Farnsworth NR, Bolton JL. Evaluation of estrogenic activity of plant extracts for the potential treatment of menopausal symptoms. J Agric Food Chem. 2001 May;49(5):2472-9.
2. Zava DT, Dollbaum CM, Blen M, Estrogen and progestin bioactivity of foods, herbs and spices, 1998, Proc. Soc. Exp. Med., 217(3): 369-78
3. Tamir S, Eizenberg M, Somjen D, Stern N, Shelach R, Kaye A, Vaya J. Estrogenic and antiproliferative properties of glabridin from licorice in human breast cancer cells. Cancer Res. 2000 Oct 15;60(20):5704-9.
4. Ofir R, Tamir S, Khatib S, Vaya J. Inhibition of Serotonin Re-Uptake by Licorice Constituents. J Mol Neurosci. 2003;20(2):135-140
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9. Stormer FC, Reistad R, Alexander J. Glycyrrhizic acid in liquorice–evaluation of health hazard. Food Chem Toxicol. 1993 Apr;31(4):303-12.
10. Fuhrman B, Volkova N, Kaplan M, Presser D, Attias J, Hayek T, Aviram M. Antiatherosclerotic effects of licorice extract supplementation on hypercholesterolemic patients: increased resistance of LDL to atherogenic modifications, reduced plasma lipid levels, and decreased systolic blood pressure. Nutrition. 2002 Mar;18(3):268-73.
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