Le sélénium
1. Sources
Ce sont les aliments riches en protéines (viandes, poissons, coquillages, ail, certains champignons…) qui renferment le plus de sélénium. Les besoins quotidiens en sélénium ont été situés autour d’un gramme. Toutefois, il est fréquent qu’ils ne soient pas totalement couverts par l’alimentation. Or, le sélénium est concentré dans l’organisme au niveau des tissus impliqués directement dans la réponse immunitaire : foie, rate et nodes du système lymphatique. Il s’agit d’un composant capital d’une enzyme antioxydante : la glutathion peroxydase.
2. Devenir du sélénium dans l’organisme
L’absorption du sélénium est fonction de la forme sous laquelle il est ingéré. Traditionnellement, on distingue le sélénium d’origine organique (présent sous la forme de sélénométhionine ou de sélénocystéine) du sélénium d’origine minérale. Sur le plan alimentaire, les poissons, les viandes contiennent également cet élément en quantités très significatives sur le plan nutritionnel. Les levures en renferment également.
Les tissus les plus riches en sélénium sont le foie, le rein et aux muscles squelettiques.
3. Conséquences d’une déficience en sélénium
Le sol de certaines régions de Chine est très pauvre en sélénium. Les carences y prennent la forme d’une cardiomyopathie, dénommée maladie de Keshan. Ses symptômes sont réversibles par un apport de sélénium en quantité suffisante. Cette pathologie est quasiment inconnue en dehors des quelques régions chinoises concernées. Cependant, il existe aujourd’hui un faisceau d’indices concordants militant en faveur d’un renforcement de l’immunité par la prise de sélénium.
4. Besoins et toxicité
Les besoins en sélénium sont estimés à 200 microgrammes par jour. Des manifestations toxiques ne sont à redouter que lorsque le sélénium est consommé à des doses quotidiennes allant bien au-delà de 400 microgrammes pendant des périodes prolongées [3]. La toxicité du sélénium se manifeste notamment par la perte de cheveux et par des lésions de la peau.
5. Un constituant d’enzymes antioxydantes fondamentales
Si le sélénium est considéré comme un antioxydant, c’est parce qu’il est un constituant nécessaire d’enzymes antioxydantes capitales dans le maintien des équilibres redox. La glutathion peroxydase est une enzyme constituée de quatre sous-unités. Chacune d’entre elles comprend un atome de sélénium, enchâssé dans une molécule de séléno-cystéine. Structuralement, il remplace un atome de soufre, habituellement porté par la cystéine. La glutathion peroxydase est ubiquitaire dans les tissus humains. Sa fonction cellulaire est de participer à la transformation des hydroperoxydes organiques en molécules moins oxydantes (possédant une fonction alcool et non plus un résidu peroxyl) et, partant, moins toxiques.
De par l’action de la glutathion peroxydase, deux molécules de glutathion entrent ainsi en réaction avec un peroxyde pour donner un alcool ainsi que du glutathion oxydé et de l’eau :
ROOH + 2 GSH (glutathion) → ROH + GSSG + H2O
Un apport important en sélénium a pour conséquence d’augmenter l’activité de la glutathion peroxydase. Les effets cliniques du sélénium ont notamment été précisés chez les personnes âgées ou en réanimation. Dans ce dernier groupe, des concentrations abaissées en sélénium ont été objectivées. Ceci s’explique par le fort stress oxydant auquel ils sont soumis [2].
6. Sélénium et immunité
Le sélénium est maintenant considéré comme un antioxydant indirect. Il entre fréquemment dans la composition de compléments alimentaires ou de complexes de vitamines et d’oligo-éléments, parfois même à vocation « nutraceutique » [1]. Le sélénium présente un intérêt dans de nombreux champs cliniques [2] :
– le maintien des défenses antioxydantes ;
– la modulation de la réponse inflammatoire ;
– la réduction de l’activité mutagénique d’agents carcinogènes ;
– la prévention d’hypothyroïdies.
Les effets immunostimulants du sélénium font encore l’objet de débats [3]. Il ne semble plus faire de doutes que cet oligoélément participe de nombreux équilibres et joue un rôle indéniable la lutte contre les agents infectieux [4,5] et même dans la prévention de certaines tumeurs [6].
Bibliographie sur le sélénium
[1] Greul AK, Grundmann JU, Heinrich F, Pfitzner I, Bernhardt J, Ambach A, Biesalski HK, Gollnick H. Photoprotection of UV-irradiated human skin: an antioxidative combination of vitamins E and C, carotenoids, selenium and proanthocyanidins. Skin Pharmacol Appl Skin Physiol. 2002 Sep-Oct;15(5):307-15.
[2] Berger. M. Les oligoéléments, quoi de neuf ? Forum Med Suisse, n°31. 30 juillet 2003.
[3] Lynne A Daniels. Does selenium status have health outcomes beyond overt deficiency? http://www.mja.com.au/public/issues/180_08_190404/dan10064_fm.pdf
[4] Rayman MP. The importance of selenium to human health. Lancet. 2000 Jul 15;356(9225):233-41. Review.
[5] Forceville X, Vitoux D, Gauzit R, Combes A, Lahilaire P, Chappuis P. Selenium, systemic immune response syndrome, sepsis, and outcome in critically ill patients. Crit Care Med. 1998 Sep;26(9):1536-44.
[6] Rayman MP. Selenium in cancer prevention: a review of the evidence and mechanism of action. Proc Nutr Soc. 2005 Nov;64(4):527-42. Review.