Vitamine A ou rétinol
Propriétés physico-chimiques et métabolisme de la vitamine A
La vitamine A se présente, dans l’organisme, sous la forme de rétinol, de rétinal (dans la rétine), d’acide rétinoïque (dans les os et les muqueuses) ou de palmitate de rétinyle (réserves stockées dans le foie). C’est une vitamine liposoluble. Elle dérive du β-carotène (provitamine A) par hydrolyse de la double liaison médiane et formation d’une fonction alcool.
Les deux composants (vitamine A et provitamine A) constituent l’activité totale de la vitamine A. Ils sont thermostables. Des apports suffisants en protéines et en zinc sont essentiels au métabolisme de la vitamine A. La vitamine E en accroît l’absorption et les réserves stockées dans le foie. Le zinc est nécessaire au maintien des concentrations normales de la vitamine A dans le plasma. Il peut être requis pour la mobilisation de la vitamine A depuis le foie et pour la conversion du ß-carotène en vitamine A.
Activité biologique et rôle dans la protection de la peau
La vitamine A favorise la formation des muco-polysaccharides des tissus épithéliaux, la croissance des os et la reproduction Elle intervient dans la synthèse des stéroïdes sexuels et joue un rôle au niveau des membranes cellulaires. La vitamine A semble également jouer un rôle crucial dans la différenciation et la croissance cellulaire.
La vitamine A permet le renouvellement des cellules de la peau. Elle préserve l’épaisseur de la peau, mais aussi son élasticité et elle atténue les rides. La vitamine A a un rôle protecteur sur la membrane cellulaire contre l’oxydation. Elle freine le processus de destruction des cellules provoqué par les radicaux libres.
Prévention du vieillissement cutané :
Action sur le renouvellement cellulaire
La vitamine A est nécessaire à la bonne division des cellules basales de l’épiderme. Elle régularise la migration et la transformation des kératinocytes vers la couche cornée de l’épiderme. Les différents isoformes de la vitamine A influencent la différenciation et la croissance des kératinocytes [1]. La vitamine A a une activité hormone-like et des effets morphogénétiques [2]. Cette stimulation du renouvellement des cellules épidermiques diminue la kératinisation et permet un épaississement de l’épiderme et un amincissement de la couche cornée. Ces propriétés de la vitamine A permettent la réparation des peaux lésées et des peaux sèches. De plus, en relançant le métabolisme cellulaire, la vitamine A améliore l’état des peaux âgées, dans lesquelles le renouvellement cellulaire est ralenti.
Stimulation de la synthèse de collagène
L’efficacité de la vitamine A et des rétinoïdes en général vient de son impact sur la structure de la peau, la capacité à changer la structure de l’épiderme, du derme et des glandes sébacées [2].
On sait que les dommages du tissu conjonctif dus au stress oxydatif sont associés à des taux plus élevés des métalloprotéinases et plus faibles de la synthèse du collagène. C’est une manifestation du phénomène de vieillissement de la peau. La vitamine A peut contrecarrer ce processus en stimulant la synthèse de collagène dans la peau âgée et réduire l’expression des métalloprotéinases qui détruisent le collagène. Une étude clinique sur 53 personnes âgées de plus de 80 ans confirme ces faits. Une application d’une semaine avec de la vitamine A (1%) suffit pour augmenter la croissance des fibroblastes et la synthèse de collagène. Le taux de métalloprotéinases diminue aussi [3].
Stimulation des glandes sébacées
La vitamine A est également utile pour réguler la sécrétion des glandes sébacées. Une carence en vitamine A entraîne une hyperkératinisation, se traduisant par une peau sèche, rugueuse et moins élastique et une atrophie des glandes sébacées et sudorales. La peau devient plus sensibles aux agressions extérieures.
Action protectrice contre les UV
L’épiderme humain contient des quantités importantes de vitamine A ainsi que les enzymes nécessaires à son stockage ou son activation, les protéines auxquelles elle se lie pour le transport et sa protection et les récepteurs nucléaires impliqués dans la modulation de l’activité des gènes induits par la vitamine A [4]. Tout ce complexe attaché à la vitamine A est altéré par une exposition aux rayons UVB et UVA. Limiter ce déficit en vitamine A induit par les UV permettrait d’améliorer la prévention du cancer de la peau et du vieillissement [4].
Protection contre le cancer de la peau
L’effet prophylactique du rétinol a été démontré sur plusieurs types de cancers épithéliaux. Une association rétinol-cytokines améliore considérablement la thérapie des tumeurs malignes [2].
Chez la souris
La vitamine A, par le biais d’une supplémentation, exerce une action prophylactique et thérapeutique dans le traitement du mélanome malin chez la souris. Une étude in vivo a démontré que 6j après inoculation tumorale, 60% des souris contrôles survivent contre 100% pour celles qui avaient pris 15 000 UI de vitamine A pendant 10j avant l’inoculation ou à partir de l’inoculation. La taille des tumeurs est diminuée par le prétraitement à la vitamine A et aucune métastase constatée [5].
Chez l’homme
Une étude clinique a été menée pendant 5 ans sur des patients âgés de 63 ans en moyenne et déjà sujets aux cancers de peau. Les chercheurs ont démontré qu’une supplémentation en vitamine A (25000 UI/j pendant 5 ans) était efficace dans la prévention du carcinome des cellules squameuses de l’épithélium (26% de cancers en moins par rapport aux témoins non supplémentés) mais pas contre le carcinome des cellules basales [6].
Action synergique
On associe généralement la vitamine A à d’autres anti-radicalaires, vitamine C, polyphénols de pépins de raisin, flavonoïdes. Préventive plus que réparatrice, décongestionnante, associée à d’autres types de vitamines, elle assure une excellente protection des cellules.
Utilisation de la vitamine A en cosmétique locale
La vitamine A fait partie de nombreuses crèmes anti-âge pour le visage. D’après les connaissances actuelles, la vitamine A, ou rétinol, en application locale, compte au nombre des antioxydants les plus efficaces. Elle stimule le renouvellement cellulaire, améliore la structure des tissus et réduit la profondeur des rides. Ainsi, la vitamine A présente dans les soins visage hydrate, assouplit les peaux sèches et atténue les rugosités. Lorsque la vitamine A est facilement absorbée au niveau de la peau, l’épiderme se sature en premier et de faibles quantités de vitamine A pénètrent également dans le derme et le tissu adipeux.
Un dérivé de vitamine A, la trétinoïne incorporée dans une crème (0,02%) a montré un profil favorable en ce qui concerne la tolérance et la sécurité. Après 24 semaines d’application, on note une amélioration des rides fines et plus profondes et du jaunissement cutané. Cette formulation permet de lutter contre le photovieillissement de la peau [7].
Cependant, une étude clinique anglaise portant sur 60 sujets n’a pas pu montrer de différence significative sur les paramètres du photovieillissement de la peau entre un traitement local de 48 semaines avec du rétinyl propionate et un placebo [8].
Sources de vitamine A
La vitamine A est une vitamine liposoluble que l’on trouve dans les aliments d’origine animale tels que foie (huile de foie de morue), lait et produits laitiers, poisson et jaune d’oeuf. L’organisme s’approvisionne directement en vitamine A dans les aliments d’origine animale, mais il peut aussi le faire indirectement, en transformant en vitamine A certains caroténoïdes provenant des végétaux. Chez l’homme, on estime qu’environ 1/6 des caroténoïdes est transformé en vitamine A (le β-carotène est la meilleure source). L’absorption optimale du β-carotène contenu dans les végétaux demande la présence d’un peu de matière grasse.
Une étude australienne a suivi les habitudes alimentaires de plus de 200 personnes âgées pendant 5 ans et plus particulièrement leur consommation de caroténoïdes. Il en résulte que leur apport total en vitamine A (1872 μg éq rétinol) est fourni à 65% par le β-carotène et à 35% seulement directement par le rétinol [9].
Besoins nutritionnels en vitamine A
Les besoins en rétinol sont de 0,8 à 1,2 mg/jour pour l’adulte. Les apports en vitamine A peuvent être exprimés en µg d’équivalent rétinol ou en unités internationales (UI): 1 éq. rétinol en µg équivaut à 3,33 UI.
Des carences entraînent une cécité nocturne, la kératinisation (dégénérescence cornée des tissus épithéliaux) et une xérophtalmie (maladie des yeux).
Toxicité
Un excès de rétinol peut être toxique. Il peut s’accumuler et atteindre des concentrations toxiques, particulièrement pour le foie. Mais il peut stocker jusqu’à 150 mg de vitamine A avant qu’il y ait surdose.
L’hypervitaminose A est caractérisée par un manque d’appétit, des démangeaisons et des gonflements douloureux des bras et des jambes.
Conclusion
La vitamine A est une vitamine liposoluble apportée directement par les aliments d’origine animale ou sous la forme de provitamine A par les aliments végétaux. Elle joue un rôle central dans le renouvellement des cellules de la peau. Appliquée localement, elle stimule la synthèse de collagène dans les peaux âgées, restructure le derme et réduit la profondeur des rides. Elle stimule les glandes sébacées, favorisant l’hydratation de la peau. Fréquemment utilisée dans les crèmes de soin anti-âge, c’est une vitamine essentielle pour lutter contre les effets du vieillissement de la peau. La vitamine A possède aussi une action antitumeur chez l’homme (carcinome des cellules squameuses) et elle favorise la cicatrisation de la peau [5].
Références
1. Kunchala SR, Suzuki T, Murayama A. Photoisomerization of retinoic acid and its influence on regulation of human keratinocyte growth and differentiation. Indian J Biochem Biophys. 2000 Apr;37(2):71-6.
2. Taranu T, Taranu T. Retinoids. Photodamaged skin and the prevention of nonmelanotic skin cancer. Rev Med Chir Soc Med Nat Iasi. 1998 Jul-Dec;102(3-4):56-9.
3. Varani J, Warner RL, Gharaee-Kermani M, Phan SH, Kang S, Chung JH, Wang ZQ, Datta SC, Fisher GJ, Voorhees JJ. Vitamin A antagonizes decreased cell growth and elevated collagen-degrading matrix metalloproteinases and stimulates collagen accumulation in naturally aged human skin. J Invest Dermatol. 2000 Mar;114(3):480-6.
4. Saurat JH. Skin, sun, and vitamin A: from aging to cancer. J Dermatol. 2001 Nov; 28(11): 595-8.
5. Weinzweig J, Tattini C, Lynch S, Zienowicz R, Weinzweig N, Spangenberger A, Edstrom L. Investigation of the growth and metastasis of malignant melanoma in a murine model: the role of supplemental vitamin A. Plast Reconstr Surg. 2003 Jul;112(1):152-8; discussion 159-61.
6. Moon TE, Levine N, Cartmel B, Bangert JL, Rodney S, Dong Q, Peng YM, Alberts DS. Effect of retinol in preventing squamous cell skin cancer in moderate-risk subjects: a randomized, double-blind, controlled trial. Southwest Skin Cancer Prevention Study Group. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 1997 Nov;6(11):949-56.
7. Nyirady J, Bergfeld W, Ellis C, Levine N, Savin R, Shavin J, Voorhees JJ, Weiss J, Grossman R. Tretinoin cream 0.02% for the treatment of photodamaged facial skin: a review of 2 double-blind clinical studies. Cutis. 2001 Aug;68(2):135-42.
8. Green C, Orchard G, Cerio R, Hawk JL. A clinicopathological study of the effects of topical retinyl propionate cream in skin photoageing. Clin Exp Dermatol. 1998 Jul;23(4):162-7.
9. Manzi F, Flood V, Webb K, Mitchell P. The intake of carotenoids in an older Australian population: The Blue Mountains Eye Study. Public Health Nutr. 2002 Apr;5(2):347-52.